9 – Attention! Choc culturel en cours!
Tout me fatigue
Tout me fatigue. Je suis tannée de manger du riz et des bines. C’est tout le temps la même affaire, ça goûte tout le temps la même affaire, matin, midi, soir. Je ne trouve plus ça «vraiment cute» les traditions bouddhistes. Je suis tannée de ne pas pouvoir écraser le plus petit des moustiques qui essaie de me piquer dans ma chambre, parce qu’ici la tradition dit qu’on doit «respecter en tout temps la vie, question de karma». Je trouve le rythme de vie trop lent et ça me tape sur les nerfs. Ça prend toujours 20 à 30 minutes avant que les gens arrivent, personne n’est jamais à l’heure. Je m’ennuie d’une douche chaude! Je suis tannée de me laver dans seau d’eau! L’eau est toujours frète, pis il n’y en a jamais assez. Je peux même pas utiliser mon revitalisant. Je suis tannée que les gens sachent tout, sur toute ma vie! Comment ça se fait que tout le monde sait que je m’ennuie vraiment de mon chum. Ça doit être parce que les gens sont assis sur le balcon le soir à me voir marcher trois à quatre fois semaines pour aller utiliser le téléphone du village pour l’appeler. Est-ce qu’ils ont juste ça à faire, me regarder? En plus, je m’ennuie de famille, je suis écœurée du décalage horaire qui fait qu’il y a 8 heures de différence pour pouvoir se parler.

Dans les rues de Dharamsala
J’ai envie d’aller au cinéma. De manger de la poutine. D’aller au centre d’achats. D’être anonyme dans la grande ville. D’aller sur Facebook et de pouvoir regarder mon fil d’actualité sans que ça prennent 10 minutes loader la page.
Je.Suis.En.Choc.Culturel.
Ahhhhh.
Un sentiment très commun chez les voyageurs
Ça arrive à tout le monde, même si tant de voyageurs se targuent de ne jamais l’avoir vécu, c’est le choc culturel! Drôle de bête émotive, c’est une sorte de fatigue, d’intolérance, qui nous attrape le cœur, quelques semaines après avoir été plongée à 100 % dans une nouvelle culture 😊 Ça arrive sans qu’on le sache, lors d’une petite frustration quotidienne, qui devient soudainement virulente pour une raison que rationnellement on ne saurait expliquer. C’est de l’accumulation. Comme si notre peau était à vif par rapport aux petits changements quotidiens de la vie dans un autre pays.
Le culturel est un cycle normal de la vie d’un voyageur, un passage obligé qui permet de réellement s’adapter à la vie hors de chez soi, une fois le cycle réalisé au grand complet.



Sur le toit d’un bâtiment à Delhi
Quand je suis arrivée à Birr, tout était absolument magnifique. Vraiment. J’ai tout de suite adoré ma famille d’accueil, l’air pur des montagnes de l’Himalaya, la simplicité de la vie, ici. Apprécier les petits moments comme l’idée de n’avoir rien à faire le soir, que de s’asseoir sur le balcon pour prendre le temps de réfléchir.
Ça duré quelques semaines. C’est la phase d’euphorie. Un espèce de moment de joie intense où toute découverte est magnifique, où la culture d’accueil semble vraiment posséder des valeurs parfaites que tout le monde devrait suivre. En Inde, je me disais : «Je respire enfin. Loin des centres d’achats et de Facebook, je retourne à l’essentiel et ça fait du bien! Tout le monde devrait vivre de cette manière»



Sur les abords d’une rivière proche de Delhi
C’est le moment où l’on apprécie les différences avec chez-soi, un moment où l’on rejette un peu d’où l’on vient pour glorifier l’endroit où l’on se trouve.
Le choc culturel
Puis, vient la phase du choc culturel où tout soudainement nous fatigue. Les choses nouvelles que l’on appréciait tellement au début, deviennent des contraintes lourdes à respecter. On s’ennuie de la maison, des codes culturels faciles à comprendre. A un moment donné, j’étais tannée d’essayer de plaire à ma famille d’accueil ou encore d’essayer de comprendre les raisons pourquoi quelques fois, ils étaient fâchés contre moi. Une fois, j’ai mis mes pieds en direction de la photo du Dalaï-Lama… oh boy, c’était la crise! Mais comment est-ce que j’étais supposée savoir que les pieds sont impurs et qu’ils ne doivent jamais être positionné vers cette figure importante du bouddhisme tibétain? Arggrrrr
Puis, vient l’état de balance. Un point dans le temps où l’on comprend que rien n’est parfait. Ni sa propre culture, ni sa culture d’accueil. Un moment où l’on comprend que les mondes sont différents et qu’il y a une richesse immense dans cette différence. Il est possible de s’inspirer personnellement des deux pour se bâtir un monde à soi que l’on aime plus. On arrive dans un état d’acceptation où l’on est conscient des défauts des deux endroits du monde et on vit avec, tels qu’ils sont.
Pour moi, le choc culturel a été un moment qui m’a permis de mieux apprécier ce que j’avais entre mes mains au Québec et mieux choisir ce que je voulais vraiment. Parfois, des valeurs nous sont données par notre culture locale et on vit avec ces dernières sans vraiment les questionner. Au contact de d’autres choses, on apprend à mieux choisir les lignes selon lesquelles on veut vivre notre vie et à mieux voir ce que l’on possède déjà et qui est absolument beau chez nous.
Et vous, avez-vous déjà vécu un choc culturel durant un voyage? Comment y avez-vous réagi?
Lonely Planet India 17th Ed.: 17th Edition
La suite de cette réflexion sur le choc culturel? C’est ici!
https://pleinairvoyagesetcompagnie.com/2018/02/13/10-conclusions-dune-verbo-motrice/