10 – Culture, questionnements et confiance
Un souper improvisé
Suite à mon trek dans les Simiens Mountains, je suis allé rendre l’équipement loué à un Éthiopien que j’avais rencontré dans la rue. Lors de notre conversation, il m’a alors invité à aller souper dans sa famille avec son père et sa petite sœur. Je me suis empressée d’accepter, car il s’agissait d’une excellente occasion de partager plus avec une famille Éthiopienne.
Dans sa petite maison, il y avait tout le nécessaire pour vivre confortablement, mais simplement. Je me rends rapidement compte que je suis reçue comme une grande invité, même si ce n’étais pas du tout mon intention d’occasionner des préparatifs supplémentaires… Ensemble, nous mangeons la délicieuse et typique injera éthiopienne. C’est tellement bon! Pendant quelques minutes, nous discutons des Simiens Mountains, puis le sujet se rapidement dirige vers nos différences culturelles. Des deux côtés, nous sommes avides d’en savoir plus sur la vision de l’autre. Le jeune homme me raconte alors une histoire qui me fait beaucoup réfléchir. En effet, à travers ses yeux, je découvrais un pan de ma culture auquel je n’avais jamais pensé.
Une histoire qui m’a fait beaucoup réfléchir
Un jour, il rencontra une touriste dans la rue, une canadienne. Elle semblait perdue et déroutée. Il lui a alors demandé si elle avait besoin d’aide. Elle répondit que oui, elle était très malade et cherchait un hôpital. Il lui a alors parlé de l’hôpital le plus proche où les étrangers ont l’habitude d’aller. Puis, il lui a proposé de l’accompagner, afin lui montrer le chemin. Craintive, elle lui demanda pourquoi il voulait l’accompagner, qu’elle ne lui avait rien demandé. Il lui a simplement dit qu’il voulait l’aider.
-Ok, mais veux-tu de l’argent?
-Non, voyon!
-Alors pourquoi veux-tu m’aider?
-Parce que tu as besoin d’aide.
-Pourquoi je devrai te faire confiance?
-Tu as le choix, moi je te propose mon aide, c’est tout.
-Je peux pas te faire confiance comme ça, veux-tu de l’argent?
-Non!
-Ok, laisse faire, je vais y aller toute seule.
Finalement, il lui indiqua son chemin, et son numéro de cellulaire et, il parti.
Finalement, au bout d’une heure, la femme le rappela, car elle était perdue, elle lui a demandé de venir l’aider. Il est alors revenu en vue de l’amener à l’hôpital. Elle a fini par lui redemander s’il voulait de l’argent. Il a dit non.
-Mais pourquoi m’as-tu aidé alors?
-Parce que tu avais besoin d’aide!
Et il reparti.
En racontant cette histoire, mon interlocuteur semblait absolument consterné! Il disait sans cesse qu’il ne comprenait pas ma culture!
-Votre culture est tellement tourné vers l’argent! Vous ne pouvez pas faire confiance à quelqu’un si vous ne le payez pas! Personne ne peut faire un geste par générosité chez nous?
L’échange interculturel est toujours une source d’apprentissage pour moi
Pour moi, c’était fascinant d’entendre la perception de quelqu’un d’autre sur ma propre culture!
Il est inutile de dire que je ne crois pas que ce sont tous les Occidentaux doivent payer de l’argent pour faire confiance à un étranger. De même, je ne pense pas qu’il faut faire faire confiance aveuglément à tous les étrangers qui propose leur aide dans la rue. Loin de moi, l’idée de vouloir généraliser, mais l’histoire me faisait réfléchir…
Je crois quand même qu’il y avait un fond de vérité dans ce que qu’il disait. Parfois, l’échange d’argent nous confirme que l’on peut s’attendre à quelque chose de bon de quelqu’un Si ce n’est pas le cas, on se questionne automatiquement sur les intentions de l’autre personne. Toutefois, à la lumière de mes quelques semaines de voyage en Éthiopie et de ma rencontre avec ce nouvel ami, c’était clair pour moi : les gens me veulent du bien! Il trouvait les Occidentaux tellement craintifs!
Bref, faire confiance à de nouvelles personnes est un constant défi en voyage. Comme les relations sont de très courtes durées, il est nécessaire d’exercer un jugement rapide. Et cet Éthiopien m’apprenait que le fait de payer donnait souvent confiance aux touristes, alors que selon lui, les locaux avaient seulement l’intention d’aider sans arrière pensées…
Et vous, auriez-vous aussi réagi de la même manière que cette touriste canadienne?
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Ethiopie et Djibouti – 1ed (Guide de voyage) (French Edition)
La suite de cette aventure en Éthiopie? C’est ici!
De bec et de plumes
Tellement vrai… malheureusement le coté “insécuritaire” est celui privilégié par les médias lorsque le sujet tourne autour de l’Ethiopie. Combien de fois ai-je entendu d’éviter certains coins, ou que les touristes se faisaient jeter des pierres? Avec de tels propos, il est “normal” que les gens y aillent avec une certaine appréhension…même si elle n’est pas justifiée. Le problème c’est que les gens ne veulent pas voir par eux-mêmes et font une confiance aveugle aux informations véhiculées par les différents médias.
D’un autre coté, j’ai beaucoup entendu parler également de peuples qui demandaient de l’argent en échange de quelques photos… je me fais l’avocat du diable en disant ça mais ça peut expliquer en partie la méfiance des occidentaux.
L’histoire est perturbante en effet, et ce n’est pas nouveau que notre société tourne autour de l’argent. Je pense qu’on parle davantage des minorités mal intentionnées que des personnes bien, pourtant majoritaires, on ne retient que le négatif et oublions bien souvent (trop souvent) tous les à cotés positifs…
Merci d’avoir partager cette anecdote et d’apporter une nuance aux propos et préjugés relayés un peu partout.
Amicalement
Jérôme